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Candides que nous sommes, nous avons cru que l’affaire Bettencourt allait mettre au grand jour les dessous nauséabonds du monde des affaires. Nous allions enfin tout savoir sur les dissimulations de gros sous pour échapper à l’impôt, sur les paradis fiscaux et autres placements « à l’étranger », sur les activités très discrètes des conseillers financiers de ceux qui ont les moyens de s’offrir leurs coûteux services.

Et encore, nous nous réjouissions de voir s’étaler, à la vue de tous, la zizanie de ces gens extra-fortunés en proie à la trahison de leurs valets et exploités à grand renfort d’effets de manches. Enfin, la cerise sur le gâteau : un ministre en exercice, ex-trésorier du parti au pouvoir, compromis dans cette affaire. Nous allions pouvoir nous régaler. Tout ce que le bon peuple déteste, allait être livré à la vindicte populaire. La révolution se mettait en marche et même si Neuilly n’était pas la Bastille, des têtes allaient tomber.

Et puis pouf ! Tout s’écroule. Voilà que la mère et la fille se rapprochent sinon sentimentalement au moins financièrement. Les « méchants » conseillers et profiteurs sont écartés, la famille reprend les rennes et conforte sa présence au sein de la grosse entreprise. Le spectacle est fini, l’affaire Bettencourt disparaît. On oublie tout et on continue à faire enfler le magot. Il ne reste que l’action judiciaire contre un ex-ministre qui va se terminer probablement par un non-lieu délivré par une Cour de province.

Quelle conclusion allons-nous tirer de cette « non-affaire » ? Le monde de l’argent nous dépasse tellement que c’est un autre monde, un monde d’initiés où les « gogos » (j’en suis un !) n’ont pas leur place. A la manière de Candide, restons dans notre jardin, ou encore, mais ce sera moins facile, devenons riches, très riches.